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La démocratie citoyenneI. De la démocratie en général Structurer le dialogue à grande échelle au sein d’un corps social revient à développer, modifier et même instaurer des mécanismes à caractère démocratique. La démocratie n'est pas unique, il en existe de nombreux modèles, plus ou moins producteurs de mieux réfléchir et de mieux vivre ensemble. Construire la démocratie citoyenne consiste à forger l'outil qui responsabilisera les personnes pour les transformer en citoyens participant à la construction d'une cité toujours meilleure. Afin de nous engager dans la voie de la réforme, définissons ce qu’est un citoyen, la finalité de la démocratie et ses principes de fonctionnement.

3. Semiocratie

Si la rencontre est indispensable au dialogue, elle ne suffit pas : il faut permettre à chacun de réfléchir et comprendre son environnement, d’y trouver sa place. Il s’agit de produire non pas de la décision mais de la réflexion, non pas un plan d’action, mais une grille de priorités et d’orientation pour tous, au premier rang desquels les décideurs. Ce sens collectif doit être cherché ensemble, accouché par le corps social, qui doit lui-même définir ses propres finalités, tout en s’obligeant à prendre en charge la complexité croissante. Personne ne détenant seul les clés du croisement indispensable des connaissances et expertises nouvelles, il nous faut construire un mécanisme de quête commune de sens, et entrer dans une forme supérieure de démocratie : la sémiocratie.

Lorsque le système politique sera équitable, il conférera à chacun la sérénité pour réfléchir et à l'ensemble l'autorité morale nécessaire pour décider et faire appliquer ses décisions. Nous pourrons alors créer une société équitable. Victor Hugo nous interpelle : « Qu'y a t‑il au-dessus de la justice ? L’équité ». Le système politique doit être réglé sur notre conception du juste et de l'injuste.

La sémiocratie

Optimiser notre capacité à formuler des diagnostics partagés toujours plus précis et des projets communs toujours plus pertinents suppose d’intégrer toutes les sources d’informations et toutes les formes d’expertises dans un raisonnement global. La complexification de chaque discipline scientifique et l’enchevêtrement des phénomènes rendent nécessaire de donner un rôle à chaque type d’acteurs dans la quête active d’un mieux vivre ensemble. La finalité du dialogue n’est pas de formuler un projet précis qu’un décideur, tel un Deus ex machina, pourrait mettre en œuvre seul. L’objectif consiste plutôt à faire accoucher, par la société dans sa globalité, notre grille de priorités, notre système de valeurs, le sens que nous voulons donner à notre vivre ensemble. Fort de ces repères compris, légitimes et motivants, tous les acteurs, quels que soient leurs rôles et leurs responsabilités, sauront définir et mettre en œuvre, chacun à son niveau, les déclinaisons opérationnelles qui leur incombent.

 

La culture de l’auto-éducation et de l’introspection

Longtemps, les religions guidèrent les peuples. Les codes sociaux qu'elles énonçaient régissaient la relation à soi-même et à autrui. Si l'avancée générale du savoir fait reculer la pratique religieuse, nous devons néanmoins différencier ce qui relève des croyances de ce qui constitue des principes de vie. A quelles valeurs fait référence « aimez-vous les uns les autres » en langage républicain et laïque, sinon à la fraternité, l'écoute et la tolérance ? Notre société moderne peut sans difficulté, retraduire et actualiser les préceptes ancestraux sans pour autant en adapter toutes les dimensions opérationnelles inaptes au contexte actuel.

L’objectif de la démocratie est d’optimiser en continu les choix collectifs de la société ainsi que les comportements individuels. Telle l'intelligence artificielle créée par les informaticiens, ses structures doivent être plus fortes que ses utilisateurs, capable d'apprendre et progresser seule en dépersonnalisant l'utilisateur. Nous devons tester puis construire les mécanismes permettant d'organiser la curiosité des individus pour leur permettre de devenir des citoyens toujours plus pertinents, autonomes, aptes à un questionnement toujours plus précis et auto-motivés à chercher en eux-mêmes et ensemble des réponses toujours mieux argumentées.

Ainsi, par cette démocratie génératrice du sens de l’intérêt général, l'Homme progressera considérablement, indéfiniment. Il trouvera en lui des ressources inespérées. 

Voyant les citoyens mieux informés et plus mûrs, le système leur redonnera la possibilité de participer, comme dans les organisations de la première génération. Et comme dans celles de la seconde, le statut ne sera pas réduit à un petit nombre, mais consenti à tous. Le niveau de conscience plus élevé de l'opinion publique modifiera les critères de sélection des responsables : leur capacité d'écoute prévaudra à toute autre considération et les prétendants aux seules ambitions personnelles seront exclus. Le pouvoir sera dépersonnalisé et personne n'aura plus la possibilité de s'en arroger non démocratiquement une parcelle.

Dans cet âge d’or à venir, chaque personne aura la possibilité d'intervenir dans le champ politique et l'osmose entre les citoyens et les gouvernements permettra d'obtenir l'adhésion du plus grand nombre à des projets optimisés par tous.

Nous devons faire preuve d'audace pour entrer dans la maturité de la démocratie, son âge adulte. Dans cette troisième phase de l’histoire des systèmes démocratiques, les organisations s'inscriront dans la durée et atteindront des dimensions inconnues jusqu'à présent dans l'histoire des civilisations. Ceci suppose de développer l’intelligence sociale des organisations et des citoyens.

 

 

01/09/2015
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